Les techniques de pliage de tôle mince

Plier correctement une tôle demande quelques connaissances de base et une certaine méthode. C'est ce que je vous propose de découvrir ici.

Ce qui est expliqué ici concerne le pliage des tôles minces jusqu’à 2 mm d’épaisseur grand maximum pour de l’aluminium.

A -Un peu de théorie

Si le pliage d’une feuille de papier ou d’aluminium se fait à angles vifs sans qu’on y pense, il n’en est pas de même pour une tôle d’épaisseur non négligeable.

Pour bien comprendre ce qu’il se passe, je vous invite à courber une tige fletée de 4 ou 5 mm de diamètre. Serrez-la dans un étau. Si possible, introduisez un tube jusqu’à une distance de quelques cm de l’étau et tirez/poussez jusqu’à obtenir une courbe avec un angle de 90°. Regardez les filets de votre tige. Côté intérieur du pli, ils sont resserrés ; côté extérieur, ils sont écartés. Cela vous montre que dans un pli, le métal est étiré à l’extérieur et compressé à l’intérieur, avec une ligne neutre à mi-épaisseur. Ceci est dû à la diférence de rayon de courbure. Le métal doit remplir un espace plus grand à l’extérieur qu’à l’intérieur. Plus le pli est serré, plus le rapport entre les rayons de courbure extrêmes augmentent. Au-delà d’une certaine limite, le métal ne peut plus s’étirer par élasticité et il casse ou au mieux se craquelle.
Vous devez toujours avoir cela en tête quand vous pliez une tôle. Il est dificile de donner des indications précises car cela dépend des caractéristiques du métal utilisé. Le mieux est de faire, si possible, un test avec un échantillon.

B -Le pli unique

C’est le cas le plus simple. La technique peut varier en fonction des dimensions de la pièce à plier.

B.I -Les petites pièces

J’évoque ici les cas où le pli est moins long que la largeur de l’étau qu’on envisage d’utiliser et la partie qui se place entre les mors de l’étau ne bute pas dans l’espace libre sous les mors (figure1).

figure1

Il y a une petite précaution à prendre éventuellement qui consiste à garnir les mors de l’étau avec deux bouts de cornières pour ne pas marquer le métal avec les mors qui ont généralement des surfaces cannelées ou crantées.
Le positionnement de la pièce doit être fait soigneusement pour placer le trait à raz de la cornière. Une petite astuce consiste à inscrire un V vers chaque extrémité au-dessus du trait, la pointe sur le trait sinon, si on voit le trait on est sans doute un peu trop haut, si on ne le voit plus on est trop bas et on ne sait pas de combien.
Autre possibilité avec les métaux tendres : faire deux petites marques avec un poinçon qui seront bien plus visible qu’un trait. L’alignement est bon quand le petit cratère est à moitié visible.
Pour plier, on peut taper sur la tôle avec un maillet en bois. Mais là encore on risque de marquer le métal. Il vaut mieux utiliser un bout de planche plus longue que le pli(une vraie en bois d’arbre :-) pas en aggloméré). On commence le pli en tirant sur la planche (dont les arêtes auront été chanfreinées toujours pour la même raison) à la main le plus possible. On termine en tapant sur la planche avec un marteau.

S’il faut ménager un rayon interne, le plus simple est de chanfreiner la cornière qui sera du côté intérieur du pli.
Le plus aléatoire est de plier à l’angle souhaité. Mettre un gabarit ne sert pas à grand-chose car le métal ayant une certaine élasticité, il va revenir en arrière. Il n’y a guère d’autre solutions que de tâtonner. Mais un gabarit peut servir au contrôle si l’angle est différent de 90°, sinon on utilise une simple équerre

B.II - Les pièces plus grandes

Quand l’étau ne suffit pas, on peut utiliser des cornières en acier d’épaisseur assez importante pour être bien rigides. Suivant les cas on serrera les cornières dans l’étau au milieu ou à une extrémité. Pour la ou les extrémités restantes on assurera le serrage avec un boulon d’au moins 8 mm de diamètre.

Une autre possibilité est d'utiliser un établi pliant. Toutefois les bords de serrage en bois ne seront sans doute pas assez résistants. Il faudra les garnir avec des cornières. Et l’établi aura tendance à basculer ; il pourra être nécessaire de le charger par exemple avec des parpaings ou en montant sur le marche-pieds.
Si on a un établi solidement fxé au mur, on pourra garnir le bord libre avec une cornière, placer une deuxième cornière par-dessus et les serrer l’une contre l’autre avec deux tire-fonds vissés dans l’établi ou avec deux boulons ou des serre-joints. Il vaut mieux plier vers le bas parce que l’effort plaque la tôle contre l’établi. C’est aussi plus commode parce qu’on peut appuyer de tout son poids sur la planche.
On termine en présentant la largeur de la planche sur laquelle on tape avec un marteau voire une massette. Le pliage doit être progressif ; on fait parcourir le pli à la planche plusieurs fois. Attention, la tôle a parfois tendance à faire ressort, le marteau rebondit sans faire progresser le pliage. Il faut alors choisir un marteau
plus massif ou se faire aider. L’aidant pousse la tôle autant qu’il peut dans le sens du pliage.

C -Les plis multiples

Là les choses se compliquent. Dans le cas de plis en sens inverse (le profl obtenu fait penser à une marche d’escalier) il n’y a en principe pas trop de dificultés.
Les ennuis commencent avec les plis dans le même sens donnant un profil en U, symétrique ou non. Si on peut utiliser l’étau, une solution consiste à interposer une cale de façon à pouvoir écarter les mors d’une distance supérieure à la branche verticale du U (figure 2). On peut aussi reprendre la disposition avec l’établi. On plie alors en tirant vers le haut. Si la distance entre les deux plis est plus petite que la largeur des cornières, il faudra procéder autrement. Je ne peux évoquer ici tous les cas de figure. La solution est souvent affaire d’imagination. Penser à utiliser des cales en bois ou en métal, des serre-joints des profilés en particulier des tubes à section carrée. Vous pouvez faire une cale à géométrie variable avec deux tubes à section carrée écartés l’un de l’autre par deux tiges filetée et des écrous.
Prenez votre temps. Le temps perdu à faire la bonne pièce intermédiaire est souvent du temps gagné par la suite.
Soyez persuadé qu’avec de la patience et de l’imagination, on peut parfaitement faire un profil rectangulaire en 4 plis avec recouvrement sur un onglet.

 

figure2bis

Pliez, mais ne rompez pas !

************* © M Guignard *************

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